Galeries photos de Siouville-Hague

Je demande à des photographes de Siouville et d'ailleurs de créer ces galeries pour présenter le village de résidence de cARTed. La proposition est ouverte...

Siouville-HagueLe mot hague est sans doute un emprunt à l'ancien scandinave hagi -prairie; enclos, clôture-, toujours attesté dans les langues scandinaves modernes : islandais hagi -prairie-, norvégien et suédois hage -pré clôturé, jardin-, danois have -jardin- (ancien danois hage -haie; prairie clôturée-), etc... Ce mot s'apparente entre autres à l'ancien anglais haeg -prairie, enclos-. L'ancien scandinave hagi repose quant à lui sur le radical germanique -hag- -saisir, attraper; entrelacer, coudre; barrière-. Quoi qu'il en soit, La Hague et Den Haag sont le même mot. Alors avec Bob Lens à La Haye et cARTed à La Hague nous avons décidé de construire un pont entre La Haye et La Hague, c'est une autre aventure en cours.

Présentation des auteurs des galeries.

Guilhem Senges

Artiste photographe travaillant à Barcelone.
Guilhem Senges, dont les créations confluent entre fascination pour l'architecture postindustrielle, la photographie analogique et la mémoire réinventée (...) s'attache à laisser des traces plus ou moins pérennes de son passage grâce à différentes interventions sculpturales - nuages métalliques, sphères en assemblage de bois, mobylettes volantes etc... (Anna Adell, 2014).

Carole Aurouet

Docteur en Littérature et civilisation françaises et latines de l'Université Sorbonne nouvelle-Paris 3, maître de conférences habilitée à diriger des recherches à l'Université Paris-Est Marne-la-Vallée en Sciences de l'Information et de la Communication et qualifiée en Arts du spectacle. Elle est membre de l'Institut de recherche en cinéma et audiovisuel et elle fait partie du bureau du Centre d'Information de Recherche et de Création et d'Études littéraires, artistiques, scientifiques et techniques (c/i/r/c/é) qui organise le Marché de la Poésie de la place Saint-Sulpice à Paris. Par ailleurs, elle a créé et dirige la collection "Le cinéma des poètes" aux Nouvelles éditions Jean-Michel Place. Sont parus depuis 2015 : Aragon et le cinéma par Luc Vigier, Breton et le cinéma par Georges Sebbag, Brunius et le cinéma par Alain Keit, Desnos et le cinéma par Carole Aurouet, Fondane et le cinéma par Nadja Cohen, Michaux et le cinéma par Anne-Élisabeth Halpern et Queneau et le cinéma par Marie-Claude Cherqui.

Antonio Garcia

Photographe de Paris, amoureux de Siouville. Ami décédé depuis quelques années, son esprit de liberté et d'impertinence flotte toujours sur Siouville.

Carmen Pithois

Etudiante en design à l'Ecole Brassart, école d'arts graphiques, créée en 1949 à Tours, qui dispense un enseignement supérieur dans le domaine de la communication visuelle à Tours, Nantes et Caen et a ouvert en partenariat une académie de la bande dessinée à Paris. Carmen participe activement à l'aventure de cARTed depuis son enfance.

Présentation de Siouville-Hague.

Claude Pithois

in "La Hague, le pays sculpté par le vent", 1966.

Siouville, dont la station balnéaire est en plein essor, est surtout renommé pour sa belle plage de sable fin, immense frange dorée qui se déploie sur dix kilomètres, se redresse vers la terre en énormes vagues de dunes et se prolonge par les hautes falaises décharnées de la Hague jusqu'au nez de Jobourg. Juste en face, à vingt-cinq kilomètres environ, c'est l'île anglo-normande d'Aurigny, cette île baromètre des prophètes de la pluie et du beau temps.

Il fait si bon se baigner à Siouville ! La plage n'est pas dangereuse. C'est dix kilomètres de sable magnifique, à pente parfaite, où la marée basse n'est ni trop loin, ni trop proche. Le climat est doux. Le vent vient de face, mais il n'est pas froid.

Siouville est un point de départ idéal d'excursions dans la Hague. Adossé au mont Saint-Pierre, le hameau de la Mer est un ancien casernement de douaniers. Le Fort, qui domine les rochers, servait de corps de garde. A l'endroit où la route aboutit à la plage, derrière la dernière maison du hameau de la Mer, s'élevait la vieille église de Siouville qui dépendait de l'abbaye du Voeu de Cherbourg. En 1692, son curé était Henri Jallot. Peu après cette époque, menacée d'une destruction prochaine à cause du voisinage de la mer, elle fut abandonnée et finit par disparaître. Mais son cimetière n'a pas été entièrement englouti : il ne se passe guère d'années que la mer ne mette à jour des ossements humains et des cercueils constitués de pierres plates juxtaposées. Ce mode de sépulture permet de situer cette nécropole comme datant de l'an 450 à l'an 700 environ, donc du début du christianisme dans la région, avant les invasions normandes. D'autre part. divers objets retrouvés : débris de briques, de poteries, de tuiles et de verrerie, laissent à penser qu'il y avait là également une villa gallo-romaine. Le nom de Clairefontaine donné à cet endroit du rivage viendrait d'une fontaine baptismale, dédiée à saint Clair et située dans cet ancien cimetière.

A l'extrémité ouest de la baie de Siouville, existe une très belle pêcherie en pierre, demi circulaire, ayant 160 mètres de développement et plus d'un mètre de profondeur, qui fut concédée à un membre de la famille de Basan par charte du 15 juin 1372.

La commune a une topographie accidentée : les taillis y sont nombreux. Les villages sont assez dispersés. Vers la Viesville, aux vieilles maisons couvertes en pierre, les petits chemins creux, ombragés, offrent le plaisir d'agréables promenades.

Derrière la plage se dresse le joli manoir du Valciot, où chaque année de nombreux estivants viennent partager le calme champêtre et les plaisirs de la côte. Propriété, au début du siècle, du baron de Montcuit de Boiscuyer, ce manoir date du XVIème siècle, comme en témoigne une plaque de foyer, surmontée d'un blason, portant la date de 1545. L'inscription qui s'y trouve est écrite en vieux patois du sud-ouest et mentionne le nom de François Hélie, seigneur d'Allonac, comme constructeur du manoir.

Plus haut, près de la route qui mène à Diélette, la ferme de la Redoute présente elle aussi un cachet historique.

Il y aurait eu jadis à Siouville un prieuré dépendant de celui de Sainte-Barbe-en-Auge.

Au lieu-dit Le Carrouge, il y eut, dit-on, un combat acharné entre les catholiques et les protestants au XVIème siècle.

Une importante carrière existait au siècle dernier au Pont-Helland, à la limite d'Helleville. Il s'agissait d'ardoises grossières, connues sous le nom de phyllades. Les trilobites, espèces de fossiles très rares quand ils sont entiers, sont abondants dans ces pierres.

Parmi les notables habitant Siouville, on notait autrefois Jean de Basan, écuyer, seigneur de Picauville et de Tonneville, qui avait épousé Anne Le Tellier de La Luthumière.

Sous le vocable de saint Pierre, l'Eglise actuelle, fièrement plantée au sommet de la colline, fut bâtie de 1778 à 1781, dans le style de celle de Flamanville, par MM. de Percy et Letourneur, successivement curés ; le premier y est enterré dans le choeur ; le second, mort en exil en Angleterre pendant la Révolution, a son cénotaphe dans le cimetière, près de la porte de la sacristie. Cette église a comme particularité une tour carrée surmontée d'une coupole hexagonale en granit. Cette tour, primitivement très élevée, a été surabaissée.

Dans l'église se trouve une statue en terre cuite de la Vierge tenant dans ses bras l'Enfant Jésus. Au moment de la Révolution, cette statue fut dérobée par un habitant de Siouville qui voulut la détruire. Déjà il l'avait frappée d'un coup de hache, lorsque subitement le remords arrêta son bras. Il fit cet aveu plus tard au chantre de la paroisse, Jean Frigout, qui rapporta sur ses épaules dans la Maison de Dieu la statue mutilée.

Mais la singularité de l'histoire de Siouville est la tentative d'implantation dans la commune du Protestantisme, à la faveur d'un différend entre l'évêché et les paroissiens.

En 1837, le curé de Siouville, qui exerçait son ministère depuis de nombreuses années, demanda un vicaire pour le seconder, mais la municipalité refusa obstinément de contribuer à son traitement, soutenue par une partie de la population. Un jour, le maire, outrepassant ses droits, alla jusqu'à refuser au curé les clés de l'église. S'il fut révoqué, il ne pardonna pas sa disgrâce et tenta d'implanter à Siouville la religion protestante. Un pasteur fut appelé, un Temple bâti, qui existe encore.

Y eut-il beaucoup de familles à suivre la nouvelle religion ? Il semble que ce fut une minorité. Pourtant, le temple ne fut fermé définitivement qu'en 1908, époque à laquelle deux ou trois familles seulement étaient restées adeptes de la religion réformée.

Cette tentative d'implantation du protestantisme dans une commune rurale du département paraît être unique.
 

© Images galeries : Guilhem Senges, Carole Aurouet, Antonio Garcia, Carmen Pithois
Images réalisées avec un appareil jetable en plastique, Siouville-Hague, 1997.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Promenade dans les dunes à l'occasion de la visite de la maison de Jacques Prévert.