Au vent des sources.

En présence pour la première fois des images de Maurice Cohen, j'ai retrouvé tout de suite cette fascination qui saisit un enfant lorsque le monde lui semble plus vaste, plus mystérieux, proposé à l'intérieur d'un cadre aux dimensions réduites, celui des timbres, par exemple. Je ne m'explique pas autrement le soin avec lequel Maurice Cohen découpe autour de ses images des dentelures : ce sont bien des timbres qu'il nous offre, venus de pays inconnus sur les cartes, invitant aussitôt à la découverte. Tel est le miracle de ces formats minuscules, le regard se concentre et loin de se sentir à l'étroit se dilate, sans limites. Il est vrai que Maurice Cohen s'enchante à révéler les lignes et les couleurs ou plutôt les grandes forces de ces espaces multiples, jamais il ne cerne, il garde intacts leur pouvoir d'apparition comme leur pouvoir de métamorphose. Tout un monde dans une coquille de noix, disait William Blake, tout un monde dans les timbres de Maurice Cohen : aucune description n'est permise, aucune définition, les poèmes seuls en prolongent la génèse et la légende.

Pierre Dhainaut.

Fait des livres-objets avec : Bernard Noël, Michel Butor, François Schneider, Thierry Lambert, Chantal Remus, Pierre Dhainaut, ...

Maurice COHEN
Peintre