cARTed Series n.158 - juillet 2003 - Siouville
J'ai rencontré Monique. Je rencontre Monique à l'école. Je rencontre Monique à l'école et parfois nous parlons d'école. Pas d'école comme vous l'entendez. Nous parlons d'école comme nous l'entendons. Une école constructive, riche, imaginative. Celle qui n'existe pas. Celle que nous détournons, celle que nous créons chaque fois que nous le pouvons.
Puis Monique m'a parlé d'art, comme ça, l'air de rien, et surtout l'air de ne pas parler d'art. Je me suis tue. J'ai essayé de comprendre. Elle me parle d'art comme elle parle d'école. C'est comme un voyage.
Alors je rêve, je construis, je me construis, je m'enrichis, je m'imagine...
Son monde d'art est un monde comme elle l'entend, plein d'artistes, plein de gens. Des artistes qui rêvent, qui construisent, qui inventent et créent un monde imaginaire, qu'ils ancrent dans la réalité... Un jour, elle m'a dit : Claudine, écris-moi un texte...
Euhhh, oui ? Un texte pour quoi ?
Un texte pour rien, un texte pour rire, un texte qui ne serait pas un texte. Ce pourrait être un texte d'intro à une expo. A condition qu'il ne soit pas une intro. De petits papiers ont traîné dans mes poches, ont gonflé mon sac en boulettes chiffonnées.
Monique m'a téléphoné avant-hier... Dans sa voix il y avait une pluie de confettis multicolores. Des mots dansaient que mon portable déformait en ondes sonores mouvantes. J'y ai reconnu pêle-mêle les noms, presque familiers maintenant, les horaires, les folies, les sagesses, les révolutions tranquilles et pétillantes et... "La biennale du Bäckeoffe."
La quoi ? Dans un éclat de rire, Monique m'a soufflé son désir : un texte déchiré sur le Bäckeoffe.
Ah ! Du lard ? De l'art ? L'art au chaud ? L'art mijoté ? De "l'oeil" aux papilles ? Détournement des sens ? Détournement d'écriture, d'inspiration ?
Que nous a encore concocté Monique ? - J'ai essayé d'oublier.
Tard, beaucoup plus tard dans la nuit, la solution m'est enfin apparue comme une évidence. Le Bäckeoffe le plus déchiré était là, bien sûr, à en crever les yeux ! Comment avais-je pu louper l'idée de la page blanche ?
de Monique Auburtin et texte de Claudine Villot.