Lionel LATHUILLE, Le rêve de Frenhofer - La prémonition I,
photographie noir et blanc, octobre 2004.

Les branches écartées la veille, pour permettre son avancée dans la forêt, le rattrapaient la nuit. Elles l'encerclaient dans le sommeil et l'enroulaient à la manière d'une proie au bas d'un talus. La lumière filait profond sous lui, comme un poisson. Ses paupières s'affaissaient sur son corps. Voûtes ébranlées sous les coups de sa respiration. Et quand le poisson ne renvoyait plus qu'une mémoire oublieuse du jour, surgissait enfin de la nasse un corps de femme. Proche inconnue. Les gestes lents de la femme perçaient le piège et suspendaient la forêt à l'aplomb d'une rivière. Le souffle libre, il pouvait alors balayer les branches. Leur balancement léger prouvait l'éloignement du sort. De nouveau, elles s'écartaient. Et la lumière jouait déjà dans leurs rayures laissées à la surface du rêve. Entailles rituelles. Coupures vives dans ses yeux de dormeur.
05.11.2004