cARTed Series n.080 - avril 1999 - La Boullerie

Marcher vers un je ne sais quoi dans une quête aussi impossible qu'inutile. Images-actes d'un marcheur-photographe. Régulièrement, appuyer sur le déclencheur de l'appareil photographique, sans le porter à l'oeil. Photographier simplement comme une trace de la marche engagée. Photographier ce qui est à-venir. Toute photographie précède le marcheur-photographe. Photographier en laissant passer les pensées, se détacher de ses propres pensées. L'esprit vide, juste déclencher ; unique sensation. Des prises de vues ordinaires sans recherche particulière. Des images-prélèvements du presque rien environnant. Images semblables et cependant dissemblables. Images d'une marche sans départ ni arrivée. Marcher pour photographier, photographier pour marcher. Se rasséréner par l'isolement, la photographie comme seule obsession. Sous la chaleur écrasante du désert américain, marcher sans autre but que photographier l'horizon qui s'enfuit. La répétition engendre la différence. Produire des places vides. L'esprit vide, le corps disponible : quelqu'un photographie. Ici et maintenant ou plus tard ailleurs : laisser photographier. Art, archive, document : un mot pour un autre. Art / non-art : la photographie tout entière. La fin du film dicte l'arrêt de l'acte. Continuer le processus.

"...et il me suffisait de continuer à marcher pour savoir que je m'étais laissé en arrière, que je n'étais plus la personne que j'avais un jour été." Paul Auster, op. cit.

Série : "Processus photographiques - Instants quelconques"
Extrait de : "Marche photographique" - Désert de l'Arizona - 26 images - livre d'artiste.

carte postale de Bruno Brusa

special "Calligraphy"

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Bruno Brusa

"Je marchai toute la journée, du lever au coucher du soleil, comme si marcher avait été un moyen de me venger du sol sous mes pieds." Paul Auster, Moon Palace.