le départ approche et comme à chaque fois je revois mélanges d'images, enterrements et baptêmes : mains et visages tordus et comme trempés, ongles trop longs ou absence d'ongles, rictus dus aux dents serrées et trou rose rigole.
aussi la solitude des chambres d'hôpital, l'odeur des désinfectants variés, les parcs de châtaigniers autour des pavillons, petite douceur aigre, goût des médicaments-bonbons.
deux jours de Bucarest.
on a vu la mer - il pleuvait, des grosses vagues avec des coquillages qui se cassaient sur nos jambes, juste tremper nos pieds, quand il pleut l'eau de la mer est (définitivement) chaude et seule.
un homme, 60 ans, tient dans sa main gauche un sac en plastique vert et fin presque transparent rempli d'une poupée difforme aux cheveux jaunes comme décolorés. La poupée étouffe, sa petite robe en velours bleu-nappe, profond, obscur et terrorisé.
des sucreries.
les pensées qui cognent dans la tête, qui prennent toute la place laissée vide par des moments et des moments d'oubli, le crâne qui devient le seul espace intérieur possible.
clôture en lattes de bois, sapin, découpées en triangle isocèle en haut, pas peintes, ni rien du tout, tout au long de la clôture des traits verticaux à hauteur de la main comme (si) dessinés, tracés avec les doigts, joints par deux et trempés dans la suie, comme si la rue était une prison.

aporie = difficulté d'ordre rationnel paraissant sans issue

A Longue Durée
LO